Acteurs Publics - Le 05/06/2012 dans Actualités <http://www.acteurspublics.com/articles>
Action sociale


Le handicap tire les dépenses des départements vers le haut

Si les dépenses sociales ont marqué une légère accalmie en 2011, leur rythme de progression demeure soutenu, constate l’Observatoire national de l’action sociale (Odas) dans une étude publiée le 5 juin. Les dépenses liées au handicap, mais aussi celles liées à l’enfance et à l’hébergement, expliquent en large partie cette hausse.

En 2011, la dépense d’action sociale des départements s’est élevée à 31,4 milliards d’euros, en hausse de 4 %, soit une croissance moindre que pour les années 2010 et 2009, qui avaient vu les mêmes dépenses croître de 6 %. Mais cette différence de 2 points, si elle peut de prime abord s’avérer être une bonne nouvelle, est trompeuse, car une fois les dotations de l’État déduites, la charge nette pour les caisses des départements s’élève à 23,7 milliards d’euros, soit une progression de 4,5%. Une augmentation deux fois supérieure à l’inflation.

Dans le détail, trois postes de dépenses sont particulièrement en cause. Selon une étude de l’Observatoire national de l’action sociale (Odas) publiée le 5 juin, l’hébergement en établissement médico-social, qui représente 10,9 milliards d’euros contre 6,8 milliards dix ans plus tôt – soit 46 % des dépenses des conseils généraux – arrive en tête des dépenses. Viennent ensuite les dépenses de personnel, qui représentent près de 29 % de la dépense globale. Enfin, troisième poste de dépenses, celui constitué par le versement des prestations de solidarité (PCH, APA, RSA), qui représente le quart des dépenses. Des trois allocations, celle liée au handicap (PCH) pèse le plus lourd, avec une part de 40 % à elle seule. Si le RSA semble marquer le pas, deux autres domaines – aide sociale à l’enfance et soutien aux personnes âgées en perte d’autonomie – sont, eux, en augmentation, mais de manière plus limitée qu’en 2009 ou 2010.

Ce sont bel et bien les allocations versées aux personnes handicapées qui tirent les dépenses vers le haut depuis les années 1980 et les lois de décentralisation, avec une multiplication par 6 des frais requis pour couvrir la création de places nouvelles dans des établissements spécialisés ou l’augmentation du coût de la place. Résultat : /“Les départements ont dû trouver 1 milliard d’euros supplémentaire pour boucler leurs budgets par rapport à l’année passée”/, souligne Didier Lesueur, directeur délégué adjoint de l’Odas. Tous les départements sont peu ou prou concernés par cette charge si l’on se réfère au coût rapporté par habitant.

*Mineurs isolés*

À l’inverse, les écarts sont plus importants d’un département à l’autre en ce qui concerne l’aide sociale à l’enfance. L’exemple de Paris et de la Seine-Saint-Denis est symptomatique du problème grandissant que pose la prise en charge des mineurs étrangers isolés. À elle seule, celle des quelque 1 700 mineurs isolés recensés dans la petite couronne représente 21 % de la dépense nécessaire pour couvrir les frais d’hébergement, qui varient de 30 000 à 50 000 euros par an. Face à ces situations de détresse rencontrées par les enfants, mais plus largement par leurs familles, les départements n’ont pas tardé à réagir pour tenter de trouver des solutions, comme le montre la part grandissante accordée à la prévention.

Cela se traduit directement dans les budgets à travers les 130 millions d’euros mobilisés en 2011 – soit 8 points de plus qu’en 2010 – pour couvrir les besoins en travailleurs sociaux. Mais si les stratégies s’affinent pour mieux répondre aux besoins dans ce domaine, reste le problème de la grande détresse des familles avec plusieurs enfants pour lesquels la prise en charge, notamment sur le plan de l’hébergement, n’est pour l’heure pas calée entre l’État et les départements, qui se renvoient mutuellement la prise en charge de ces publics, déplore l’Odas.

*Urgence*

Au-delà de ce problème précis, qui renvoie à la question du partage de compétences, lequel ne concerne pas uniquement la prise en charge de l’enfance en danger, les départements attendent aussi et toujours de l’État des réponses pérennes au problème récurrent du financement de l’ensemble des prestations sociales qu’ils doivent assumer. Les mesures d’optimisation des prestations sociales ne pourront suffire. C’est l’un des points majeurs soulignés par Michel Dinet, président de l’Odas et président PS du conseil général de Meurthe-et-Moselle.

Globalisation des prestations handicap et dépendance ? Augmentation du point de CSG ? Autant de pistes mises sur la table par l’Odas, qui attend des réponses de la part du nouveau gouvernement. Il y a urgence pour les départements, d’autant que la crise économique n’a sans doute pas fini de produire tous ses effets.

Xavier Sidaner


  A la Une - site Fédération hospitalière de France (FHF)


Résultats de l'enquête "Les médecins et la réforme du système de santé"

Parallèlement à l’enquête menée auprès du grand public en début d'année, la FHF a souhaité connaître l’opinion des médecins sur des thèmes relatifs à l’évolution du système de santé en France, et à l’hôpital public en particulier.

Enquête "Les médecins et la réforme du système de santé"

Enquête "Les médecins et la réforme du système de santé"


    L’évolution de l’hôpital public suscite des critiques

Globalement, le corps médical est insatisfait de la façon dont évolue l’hôpital public : seuls 28% des médecins interrogés en sont très ou assez satisfaits. Ce résultat se détériore un peu plus auprès de la principale cible concernée avec 18% des médecins hospitaliers s’en déclarant très ou assez satisfaits, contre 32% qui n’en sont pas du tout satisfaits.


    Des médecins hospitaliers qui souhaitent des réformes, mais après
    une pause

Pour la majorité des médecins hospitaliers (67%), il faut aujourd’hui faire une pause pour réfléchir à de nouvelles réformes. Un rôle plus important donné aux associations de patients dans le fonctionnement des hôpitaux publics ne fait pas l’unanimité : moins de la moitié (48%) des médecins hospitaliers sont tout à fait d’accord avec cette proposition, dont 8% tout à fait d’accord (contre 10% de pas d’accord du tout).


    Quelles solutions pour l’avenir du système de santé ?

Selon les médecins, les deux prochaines priorités du nouveau Ministre de la Santé devront être la lutte contre les déserts sanitaires (pour 79% des médecins) et la meilleure organisation des relations entre la médecine de ville et l’hôpital (pour 76% d’entre eux). La réduction d’actes médicaux injustifiés, le développement des systèmes d’information et de la télémédecine, puis l’encadrement des dépassements d’honoraires sont perçus comme des actions secondaires (citées respectivement par 55%, 46% et 43% des médecins).

Pour en savoir plus, téléchargez ci-contre la note de synthèse et le rapport réalisés par l'institut TNS-Sofres


La plate-forme politique 2012 : 5 vertus cardinales et 10
recommandations centrales

A l’occasion d’échéances électorales capitales, la Fédération hospitalière de France a décidé d’élaborer une plate-forme correspondant à la vision qu’elle a de l’évolution du système de santé et, plus particulièrement, du service public qu’elle incarne. /Le Service public de santé, une ambition pour la France (2012-2017)/ part des cinq vertus cardinales du service public de santé pour aboutir à dix recommandations centrales. Détails.

Le service public de santé : une ambition pour la France (2012-2017)

Le service public de santé : une ambition pour la France (2012-2017)

La plate-forme politique 2012 est pour la FHF l’occasion de réaffirmer les valeurs du service public.Ces valeurs animent les communautés hospitalières et médico-sociales. Elles guident leurs comportements, leurs initiatives et leurs responsabilités. Elles sont partagées par les usagers du système de santé et méritent d’être adoptées par tous pour conduire et mettre en œuvre les politiques qui prépareront la France de demain. Elles s’inscrivent dans une série de principes du service public formalisés au début du 20^e siècle : égalité, neutralité, continuité et adaptabilité.

  1. *La continuité des soins*. Pour assurer une prise en charge
    médicale permanente des usagers sur chaque territoire de santé et
    sécuriser leur parcours de soins.
  2. *La santé publique*. Pour appréhender l’état de santé global des
    individus sous ses aspects curatifs, préventifs, éducatifs et
    sociaux. Elle rend cohérente l’ensemble des actions menées par les
    établissements hospitaliers ou médico-sociaux, et conforte leur
    rôle de promoteur de santé au sein des collectivités.
  3. *La qualité*. Pour offrir des soins et des services conformes aux
    recommandations de bonnes pratiques actualisées. Elle intègre les
    innovations thérapeutiques, organisationnelles et
    informationnelles. Les démarches adoptées sécurisent les processus
    de soins et contribuent à la satisfaction des usagers. Elles
    s’appuient sur le développement continu des pratiques
    professionnelles et leur évaluation.
  4. *La pérennité des structure*s. Pour garantir un égal accès aux
    établissements hospitaliers et médico-sociaux sur le territoire,
    indépendamment de toute considération commerciale. Elle repose sur
    l’efficience des organisations et sur l’intégration de la
    recherche et de l’enseignement aux pratiques médicales pour
    maintenir des compétences à un haut niveau de performance.
  5. *L’éthique*. Pour que l’Homme et l’esprit d’humanité restent le
    cœur des préoccupations du système de santé. Cette réflexion
    accompagne chacune des décisions médicales, professionnelles ou
    stratégiques.

Des cinq vertus cardinales, émanent dix recommandations centrales :

  1. Le service public de santé s’engage dans la mise en oeuvre d’une
    politique de santé publique au profit des tous. La santé publique
    constitue la valeur cardinale du service public.
  2. Les représentants des usagers du service public de santé sont des
    partenaires à part entière. Leur rôle et leur place sont reconnus
    dans la gouvernance du système de santé.
  3. Les établissements publics de santé et médico-sociaux contribuent
    aux innovations techniques et thérapeutiques et assurent la veille
    et l’évaluation de leurs impacts sur les organisations, les
    métiers et la conception du système de santé.
  4. Les établissements qui assurent le service public de santé
    participent à la conception et à la mise en oeuvre d’une politique
    territoriale de prise en charge des patients et résidents dans le
    cadre de filières de soins et de prévention de la perte
    d’autonomie et du handicap. Ce dispositif traduit la volonté de la
    FHF de faire bénéficier les Français d’une « stratégie de groupe
    publique » assise sur les valeurs de permanence, d’excellence,
    d’accessibilité et de solidarité. Ces valeurs doivent permettre de
    corriger les inégalités d’accès aux soins et aux prises en charge.
    Elles doivent également être en mesure de réduire
    significativement les inégalités de moyens entre les acteurs de
    santé et les territoires.
  5. Le système d’information en santé constitue la « colonne
    vertébrale » du système de santé et social. Il fait l’objet d’une
    priorité nationale dans le financement des investissements du futur.
  6. L’enseignement et la recherche constituent la « pierre angulaire »
    de la modernisation et de la réputation internationale du système
    de santé français et européen. Le réseau des CHU et des
    universités s’organise, avec les partenaires publics et privés,
    pour donner une nouvelle impulsion à la recherche en santé. Cette
    synergie s’appuie sur les compétences du réseau des établissements
    publics dans les régions. Dans un service public de santé qui
    exige transversalité, coopération et pluridisciplinarité, la FHF
    est favorable à l’émergence d’universités des savoirs mobilisant
    les connaissances pluridisciplinaires pour répondre aux enjeux de
    la santé publique et de compétitivité de notre savoir-faire.
  7. Dans le cadre du service public de santé, la FHF favorise
    l’émergence d’une vision européenne de la conception de l’espace
    hospitalier et médico-social visant à  améliorer l’accueil et la
    prise en charge des usagers et les conditions de travail des
    professionnels.
  8. La rénovation du dialogue social et de la gestion des ressources
    humaines dans le service public de santé constitue la première
    condition de la réussite de la transformation du dispositif
    d’offre de soins. Les personnels du service public doivent être
    accompagnés dans cette mutation en leur assurant protection,
    motivation et bien-être au travail. Elle est l’occasion d’une
    rénovation du dialogue social. Le statut des établissements
    publics doit être assoupli afin d’adapter les organisations aux
    évolutions du service public de santé. Il doit permettre d’attirer
    de nouveaux talents et de les conserver. Une simplification des
    procédures et un allégement des normes sont indispensables.
  9. Le financement du secteur hospitalier et médico-social doit être
    rénové afin de répondre aux objectifs d’une politique orientée
    vers la santé publique, la création de filières, l’amélioration
    des performances grâce à l’implication des équipes, la réduction
    des inégalités d’accès aux soins et la promotion des innovations
    et de la  recherche. La tarification à l’activité ne peut plus
    servir de socle principal de financement. L’évaluation de la
    pertinence des actes et des interventions doit devenir la règle.
10. La FHF recommande la mise en oeuvre prioritaire de trois grandes
    causes nationales : une politique en faveur du grand âge, une
    politique en faveur du handicap, une politique en faveur de la
    santé mentale.