Si le champ du social et de la dépendance offre des opportunités foisonnantes aux technologies sans contact, les porteurs de projets avancent aujourd’hui prudemment.
Pointage, compte rendu d’activité, gestion des plannings, mise à jour des ordres de mission, facturation… Autant d’opérations administratives fastidieuses exécutées d’un simple geste de la main par les 60 assistantes à domicile de Pessac, près de Bordeaux, commune pilote du “social sans contact”. Équipées d’un téléphone mobile compatible NFC, ces assistantes pionnières badgent une puce au domicile de la personne âgée chez laquelle elles se rendent, transmettant instantanément, via le logiciel AS-Web, toutes les informations liées à leurs activités au centre communal d’action sociale. “L’ensemble de la chaîne d’intervention est ainsi rendu plus efficace, se félicite le maire, Jean-Jacques Benoît. Les employés, qui ont été formés à cette nouvelle technologie, se consacrent désormais uniquement à la prise en charge des usagers, qui de leur côté bénéficient de missions davantage personnalisées. Et un système d’alerte permet une réactivité immédiate.”
L’expérimentation a été lancée début septembre dans cette ville de 57 000 habitants, l’une des 9 collectivités retenues par le gouvernement pour accélérer le déploiement du sans-contact dans l’Hexagone. À en croire Jean-Jacques Benoît, le succès sera au rendez-vous, permettant à terme à la commune de générer d’importantes économies. Si l’initiative semble prometteuse, en attendant de possibles applications domotiques au service d’un meilleur confort des personnes dépendantes, le “social sans contact” ne figure pourtant pas parmi les priorités immédiates des autres collectivités pilotes. À Toulouse, on privilégie ainsi les transports, la culture et le tourisme, même si le social “fait partie de nos réflexions”, précise Erwane Monthubert, l’élue en charge des “TIC”.
Concurrence
Du côté de Strasbourg, où la municipalité vient de lancer des horodateurs sans contact, ce n’est pas la mairie, mais l’Abrapa, une association d’aide et de services à la personne, qui fait travailler 1 200 assistantes à domicile dans le Bas-Rhin, qui décline le sans-contact dans le secteur social. Comme à Pessac, une expérimentation sera lancée en octobre “pour une généralisation en 2012 à l’ensemble de nos 1 200 assistantes à domicile, espère la directrice adjointe de l’association, Nicole Weiss, si nous en avons les moyens.”
Si Pessac et l’Abrapa sont à la pointe, il faudra attendre, semble-t-il, pour que le sans-contact embrasse les politiques publiques sociales. “Il faut d’abord coordonner tous les acteurs qui interviennent dans la chaîne”, constate Morgan Hervé, responsable du développement à Manche Numérique, un syndicat mixte qui a pour mission le déploiement des TIC dans le département. Et ce n’est pas si simple, tant les acteurs sont nombreux. Ainsi, dans la Manche, l’association de services à la personne ADMR développe son propre système d’information, différent de celui du conseil général. “Chacun défend ses propres intérêts alors que le but est d’éviter les doublons, observe Morgan Hervé. Une concertation sur le plan national est nécessaire.”
Ces systèmes d’information distincts n’empêcheront toutefois pas le conseil général de la Manche de développer des applications sans contact pour ses assistantes à domicile, en espérant bénéficier de financements de l’État dans le cadre du grand emprunt. Il faut dire que l’enjeu est très lourd : le social pèse quelque 250 millions d’euros dans le budget de ce département qui, comme la plupart des autres conseils généraux, est à la recherche d’économies. “Les besoins sont considérables en matière de sans-contact appliqué à la dépendance, un marché voué à exploser dans le futur”, juge Morgan Trevily, dont la société, Extelia, a développé l’application utilisée par l’association Abrapa dans le Bas-Rhin. Mais il faut, dit-il, avancer par étapes. L’envol du “social sans contact” prendra donc un peu de temps.
Pessac et le sans-contact
10 euros par téléphone mobile compatible
60 assistantes à domicile concernées
57 000 habitants
200 000 euros consacrés au développement