Deux fonctionnaires sur trois doutent de la pertinence des indicateurs Lolf pour évaluer la qualité de leur travail ou celui de leur service, selon une enquête Ipsos pour la Cour des comptes.
Pour la première fois de son histoire, la Cour des comptes a commandé un sondage pour alimenter ses réflexions dans le cadre d’un rapport public. L’Ipsos a posé une série de questions à un échantillon représentatif de 800 fonctionnaires de l’État de catégorie A et B en mars 2011 sur leur perception de la Lolf et de la RGPP. Principal enseignement : les fonctionnaires doutent de la pertinence des indicateurs de performance introduits par la Lolf.
Ces outils, qui ont réellement envahi le quotidien des agents, puisque 78 % d’entre eux se déclarent directement concernés, n’apparaissent pas adaptés pour mesurer la qualité du travail de leur administration, pour 65 % des fonctionnaires. Ce rejet des indicateurs est particulièrement fort chez les 18-35 ans, parmi les agents de terrain et au sein de l’éducation nationale. Les ministères de la Défense, des Finances, de l’Intérieur et de l’Enseignement supérieur ont mieux réussi à convaincre de la pertinence de la démarche. Et il est à noter qu’une écrasante majorité des fonctionnaires de l’État (81 %) approuve l’idée de fixer des objectifs à leur administration et reconnaît que la Lolf a mieux défini les responsabilités des gestionnaires publics et les objectifs à atteindre.
La qualité du service mal mesurée
Dans son rapport, la Cour met le doigt sur deux défauts majeurs des indicateurs. D’abord, ils peinent à décliner les priorités politiques des ministres. Exemples : l’objectif de démocratisation culturelle du ministre de la Culture n’est retranscrit dans quasiment aucun indicateur du budget de la Rue de Valois et la réforme de la politique agricole commune après 2013 ne figure dans les objectifs du budget du ministère de l’Agriculture. Deuxième défaut : la faible part des indicateurs consacrés à la qualité du service public – elle ne dépasse pas 20 % du total. Un chiffre à relier aux 49 % de fonctionnaires qui estiment que les attentes du public n’ont pas été assez prises en compte dans la définition des objectifs de l’administration.